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par Nicola Franco S'il y a un voyage dont je peux parler comme d'un retour aux sources, c'est mon voyage en Grèce. Ce pays m'était familier, même si je n'avais jamais eu l'occasion de le visiter. Pendant deux ans, j'ai pu me familiariser avec sa langue ancienne et sa littérature, comme avec son histoire. C'était au temps de mes études classiques. Puis vint l'époque des cours de philosophie et là, ce fut la rencontre avec les penseurs et les philosophes grecs. De sorte qu'à la fin de mes études, je me voyais marqué par cette culture qui avait influencé le monde romain et le monde occidental. En préparant ce voyage, je me souciais donc de me mettre dans l'esprit de quelqu'un qui veut reconnaître des lieux, revivre des épopées, rencontrer des personnages que ce soit à Athènes, dans les îles ou sur les routes du Péloponnèse. Le jour du départ, j'étais prêt et pendant tout le voyage j'ai gardé à l'esprit les mots du poète : 'Quand tu feras voile pour Ithaque forme le vœu que le chemin soit long, plein d'aventures, plein d'expériences. Les Lestrygons et les Cyclopes le furieux Poséidon, ne les crains pas, tu ne trouveras pas de choses pareilles sur la route si ta pensée reste élevée, si une délicate émotion anime ton esprit et ton corps. Les Lestrycons et les Cyclopes, le farouche Poséidon, tu ne les verras pas si tu ne les portes pas dans ton âme, si ton âme ne les dresse pas devant toi.' (Constantin Cavafy, Ithaque) Parthénon La ville aux huit collines : Athènes! Il n'est pas facile de reconnaître la ville mycénienne ou les traces des Doriens qui fondèrent la ville. Mais il suffit de s'arrêter dans une coin des jardins de la ville, à l'ombre du Parthénon ou d'un monument romain et repenser à toutes les luttes, six siècles durant, affrontées par ses citoyens pour l'amener à son apogée. Elle a réussi un miracle en devenant le centre artistique, philosophique, commercial et industriel de la Méditerranée, fédérant le monde grec sur les deux rives de la mer Égée. Si toutefois, à partir des dynasties monarchiques jusqu'à l'invasion des Goths, elle perdit de son éclat, sa pensée resta un phare pour le monde romain et occidental. Je suis monté comme en pèlerinage sur la Iera Odos (la voie sacrée) pour me rendre à l'Acropole. Le temple est colossal, mais ce qui nous laisse figés, c'est la pureté du style, la beauté des colonnes et des frises, ainsi que la splendeur du marbre à la lumière du soleil attique. Les contemporains de Périclès qui l'accusaient de vouloir, avec ce monument, parer la ville comme une prostituée, étaient ou jaloux ou ignorants. Juste à côté se trouve l'Érechthéion, un élégant sanctuaire à l'architecture complexe, dédié à des cultes primitifs de l'âge de bronze. Les caryatides d'origine qui supportaient un portique marquant l'emplacement du palais du roi Cécrops, ont été remplacées par des copies pour prévenir tout dommage provoqué par le nefos (pollution). Dans l'un et l'autre temple, il y avait des statues colossales de la déesse Athéna, malheureusement disparues au temps des conquêtes. Après avoir contemplé tour à tour les Propylées et l'Athéna Niké (400 av J.C.) on entre dans le musée de l'Acropole et on reste subjugués par la beauté féminine des caryatides (originales) et la superbe collection des Korês, le symbole le plus pur de l'art préclassique. Athènes abrite aussi l'Agora, l'arène politique de la cité antique, le Théiseion, le théâtre de Dionysos où étaient jouées les pièces d'Eschyle, de Sophocle, d'Euripide et d'Aristophane. Athènes est aussi le centre de beaux souvenirs romains, comme l'arc d'Hadrien, le temple de Zeus Olympien, la Tour des vents et mille autres représentations du monde romain et byzantin. Enfin, pour pénétrer un peu plus loin dans les souvenirs de l'histoire et de la culture grecque ancienne, il me restait la visite du Musée archéologique national. Les objets exposés font comprendre les diverses périodes de l'histoire de l'art grec, mais en même temps ils nous familiarisent avec la vie quotidienne du peuple hellène. Les archéologues, pendant un siècle de fouilles, ont ramené à la vie toute une civilisation. Mykonos, Rhodes et Pathmos : Mykonos Mykonos, Petite Venise 1425 îles nées de la rencontre de la mer avec la montagne font partie du territoire grec. Elles constituent la partie visible de la chaîne montagneuse à présent submergée. Seulement un dixième d'entre elles sont habitées et chacune se distingue par une architecture, des costumes et un dialecte particuliers. La mer ne réussit pas à les séparer tant la vie sociale et économique des insulaires y est intense. Ma première destination était les Cyclades, Mykonos et Pathmos. On dit des Cyclades qu'elles sont la quintessence des îles grecques et qu'elles incarnent l'idéal type de la Grèce: du bleu et du blanc partout. Selon la légende, ces 39 îles portent le nom de ces nymphes qui furent transformées en rocher pour avoir refusé d'offrir un sacrifice à Poséidon. Mais en vérité, elles doivent ce nom au cercle qu'elles forment autour de l'île sacrée de Délos. Leur histoire s'étend sur 5000 ans. Le musée Goulandris d'Athènes nous donne une idée de leur civilisation, dont l'apogée se situe durant l'âge du bronze (2800-1100 av J.C.). Durant mon séjour à Mykonos, j'ai essayé de toutes mes forces de faire abstraction du nombre faramineux de touristes et je me suis abandonné à la contemplation de son paysage. Je me suis émerveillé devant les contrastes du ciel, des collines et la blancheur des habitations et je me suis abandonné à la détende au creux d'une petite plage sillonnée par des voiliers de passage. Après la détente, j'ai arpenté à plusieurs reprises les rues étroites de la vieille ville; je me suis attardé au bord de mer, ( la petite Venise), j'ai grimpé vers les moulins à vent au sommet de la colline face à la mer, j'ai pénétré dans les sanctuaires orthodoxes aux odeurs de cierges et d'encens et surtout j'ai observé ce peuple souvent habillé de noir qui semble en harmonie avec son environnement, vivant intensément ses rites quotidiens, sans se laisser perturber par la présence de l'étranger. Aujourd'hui, je regrette une seule chose et c'est de ne pas avoir fait la traversée qui m'aurait amené à l'île voisine de Délos, me privant ainsi d'admirer le trois temples d'Apollon et l'impressionnante terrasse des lions. On a écrit de ce lieu qu' 'il baigne dans une lumière et un mystère qui n'ont pas changé depuis 500ans' . Pathmos Le navire de croisière m'a amené sur une deuxième île : Pathmos. Si Délos, l'île sanctuaire des Cyclades était le lieu le plus sacré pour les anciens Grecs, son alter ego, chrétien et orthodoxe est sans contexte Pathmos. On raconte que saint Jean l'Évangéliste y séjourna et y écrivit le livre de l'Apocalypse. Depuis l'empire byzantin, un monastère fut construit pour vénérer le saint. Aujourd'hui, Pathmos est un centre de pèlerinage et d'étude de théologie pour la communauté orthodoxe. Rhodes Citadelle des Templiers Dernière étape de ma croisière : Rhodes. C'est l' 'ÃŽle du soleil' , choisie par Hélios (dieu soleil) à qui Zeus n'avait pas attribué de territoire lors du partage de l'univers. Hélios, parcourant chaque jour la voûte céleste sur son quadrige et voyant tout ce qui se passait sur terre, fut séduit par la nymphe Rhoda, fille de Poséidon, qui donna le nom à l'île. Leurs petits-enfants Lindos, Camiros et Ialysos fondèrent les trois villes doriennes qui s'unirent pour former la ville de Rhodes. Quelle merveille de la nature et quelle richesse recèlent les monuments dans cette ville et cette île ! L'histoire de cette île est aussi magnifique que celle de la ville d'Athènes (sa rivale du reste). En fait, son histoire est une vraie épopée d'un durée de plusieurs siècles. Et ce qui il y a de remarquable, c'est le fait que ses politiciens réussirent à faire souvent les bonnes alliances. En mettant pied à terre, on fait face aux remparts et à la forteresse construits par les chevaliers de St-Jean de Jérusalem (1248) qui entourent la ville moyenâgeuse. C'est la ville médiévale de l'orient. Un peu plus loin, je suis allé à la rencontre de Lindos. Et encore une fois, je me suis retrouvé devant deux merveilles, (sans compter la beauté du site face à la mer) la cité médiévale de Lindos, bien conservée, et les vestiges de l'acropole antique qui devait certes faire compétition à celui d'Athènes. Le Péloponnèse La dernière étape de mon périple en Grèce devait être un bref tracé historique du Péloponnèse. J'avais choisi, en repassant par Athènes, de traverser le canal de Corinthe, me diriger vers Épidaure et Mycènes, de traverser le golfe de Corinthe pour rejoindre les sanctuaires de Delphes et des Météores. Je me suis contenté d'entrevoir l'Acrocorinthe, l'ancienne ville forteresse de Corinthe, dont nous connaissons la célébrité seulement par les documents d'historiens ; elle fut rasée par les Romains en 146 av. J. C. C'est là que j'ai effectué mon premier arrêt à Épidaure. Nous venions à peine de traverser la courte chaîne de l'Arachnéon quand nous nous retrouvâmes soudain au pied du plus célèbre théâtre du monde. Son architecture et son acoustique n'ont jamais été égalées. En fait, il reste un symbole pour tous les artistes dramatiques du monde. Mais ce qui est le plus impressionnant, c'est cette aura mystique propre aux lieux sacrés qui se dégage de l'endroit. La présence apaisante d'Asclépios, le fils médecin d'Apollon, dont le sanctuaire est à proximité, plane toujours sur les ruines. Épidaure Dans les premières heures de l'après-midi, j'étais devant les ruines de Mycènes. Les habitants y avaient construit une ville fortifiée entourée de murs cyclopéens. En traversant la porte des lions ou en rentrant dans le tombeau d'Agamemnon ou encore en regardant les ruines de l'endroit, on respire la tragédie. Est-ce le souvenir de la rude Clytemnestre qui fit assassiner son mari Agamemnon à son retour de Troie? Le lendemain, je me suis retrouvé à un endroit plus serein, apaisant: Delphes. D'abord le décor est majestueux, à cause des montagnes, des vallées et de la végétation. Ensuite le site s'impose par le nombre, la beauté et la diversité des monuments et à cause de son histoire, d'emblée placée sous le signe de la violence, puisque Apollon s'empara du sanctuaire en tuant le Phyton qui y était vénéré. C'est dans ce sanctuaire que l'oracle influençait le sort politique, économique et guerrier des peuples des cités de la Grèce antique. C'est un endroit que l'on quitte avec regret. Delphes Ultime étape, les Météores. En venant de Trikala, située dans la plaine, soudain, après un virage, surgissent 24 formations rocheuses dressées vers le ciel. On reste comme de pierre tellement le spectacle est d'une force impressionnante. En s'y approchant, une autre surprise nous émerveille. Sur chaque rocher, des moines ermites y ont construit des monastères. Les falaises sont tellement à la verticale qu'on se demande comment ces moines ont fait pour réaliser des constructions aussi imposantes. Ils s'appellent Haghios NIcolaos, Haghios Varlaam, Haghia Trias, Haghios Stéphanos et tous nous parlent de la foi de ces religieux qui ont implanté et prêché le christianisme dans la Grèce profondément païenne. Voilà des hommes qui sur terre ont essayé, en milieu hostile, dans la solitude et la prière, de s'approcher du ciel. Mon rêve finissait ici . Au retour, j'étais extrêmement heureux d'avoir retrouvé un passé qui m'était si cher. |
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